Avoir des cycles menstruels longs et plutôt irréguliers paraît souvent anodin. Ils sont souvent peu considérés par la médecine, et pourtant ils sont des indices importants sur votre état de santé. En principe, rien de trop grave… mais ça indique toutefois que le cycle ne fonctionne pas de façon optimale. Or, le cycle menstruel est un excellent baromètre de sa santé globale. Il existe 6 raisons différentes qui expliquent ces cycles menstruels longs mais avant quelques bases d’explications.
Quand dois-je considérer que j’ai des cycles menstruels longs ?
Des cycles menstruels longs, qu’est-ce que c’est ? D’un point de vue médical, on considère que les cycles sont anormalement longs lorsqu’ils dépassent les 35 jours. Donc jusqu’à 35 jours, il n’y a pas vraiment lieu de s’inquiéter. Cela dit, FACTS, une association américaine de médecins et autres professionnels de santé, qui promeut les connaissances du cycle et de la fertilité naturelle, a une vision plus stricte sur la question. Les cycles seraient plus optimaux lorsqu’ils sont compris entre 24 et 32 jours.
Par ailleurs, il existe 3 périodes de vie où les cycles peuvent être longs, tout en restant normaux. Il s’agit de l’adolescence, l’allaitement et la préménopause. Je vais aborder ici, que les cas pathologiques. Si vous êtes dans l’une de ces situations normales, soyez rassurée, votre corps fonctionne très bien !
Pourquoi les cycles s’allongent ?
On calcule la durée d’un cycle en comptant le premier jour des règles jusqu’à la veille des règles suivantes. Mais si vous avez des cycles menstruels longs, ce ne sont pas vraiment vos menstruations le problème. Il s’agit avant tout de votre ovulation qui arrive plus tard que prévu. Si l’ovulation se décale, les règles se décalent également.
Dans un cycle menstruel, il existe une première partie, la phase folliculaire ou préovulatoire, dominée par les œstrogènes. Celle-ci est de durée variable mais sa durée optimale est plutôt située entre 10 et 20 jours. Ensuite arrive la deuxième partie du cycle, la phase lutéale ou post ovulatoire, dominée cette fois-ci par la progestérone. Celle-ci a une durée en principe un peu plus stable, comprise entre 10 et 16 jours. Elle a tendance à être constante chez une même personne, bien qu’il existe aussi des petites variations.
Lorsqu’on a des cycles menstruels longs, cela signifie que la première partie du cycle dépasse les 25 jours. On n’est plus dans un profil de cycle idéal et il existe plusieurs explications à ce phénomène.
1. Le syndrome des ovaires polykystiques, première cause des cycles menstruels longs
Le syndrome des ovaires polykystiques (sopk) est en général la première suspicion face à des cycles menstruels longs puisqu’il touche 10% des personnes menstruées.
Ce syndrome provoque donc des cycles menstruels longs, voire des périodes d’aménorrhées (période plus de 3 mois sans règles). A cela s’ajoutent des signes virilisants (perte de cheveux, acné, pilosité excessive etc.) et parfois une prise de poids, entre autres. Tout ceci est dû à un dérèglement hormonal, avec une montée des hormones androgènes, l’hormone LH élevée, et bien souvent une résistance à l’insuline. Il existe différentes solutions pour y remédier et je vous invite à lire cet article si vous voulez en savoir plus sur le sujet.
2. L’aménorrhée hypothalamique fonctionnelle
Comme son nom l’indique, il s’agit d’une aménorrhée et pas vraiment de cycles menstruels longs… Cela dit, certaines personnes, qui n’ont pas encore complètement basculé dans l’aménorrhée, peuvent se retrouver avec des cycles menstruels longs et irréguliers et sont parfois diagnostiquées à tort avec un sopk.
Apport calorique vs dépense
Cette situation de cycle se manifeste lorsque les apports caloriques sont trop faibles (carences alimentaires) par rapport à la dépense énergétique (exercice physique excessif). Typiquement, elle concerne les grandes sportives et/ou les personnes anorexiques. La fertilité passe alors au second plan car elle n’est pas nécessaire au maintien des fonctions vitales.
Au niveau alimentaire, même si on ne souffre pas d’anorexie mentale, il est possible d’être dans ce profil ou juste l’étape d’avant, quand les cycles s’allongent et deviennent irréguliers. Les personnes végétariennes, véganes, qui jeûnent ou qui font de l’orthorexie finissent parfois par se carencer en certains nutriments et basculent sur des cycles menstruels longs. Effectivement, il devient de plus en plus difficile pour leur corps d’ovuler.
Le stress, une des origines des cycles menstruels longs
Le stress est aussi un élément que l’on retrouve dans les cas d’aménorrhée hypothalamique fonctionnelle. S’il est passager sur quelques jours seulement, il est alors fréquent que les règles aient 4, 5 jours à plusieurs dizaines de jours de retard. Cela donne alors ponctuellement un cycle inhabituellement long. En revanche, si le stress devient chronique, la situation peut se répéter, voire bascule en aménorrhée.
L’aménorrhée hypothalamique fonctionnelle prend sa source soit dans un manque d’apport calorique par rapport aux dépenses d’énergie, soit dans un stress chronique élevé, soit avec une combinaison de ces facteurs.
Il arrive qu’une hyperprolactinémie s’ajoute à cette aménorrhée hypothalamique fonctionnelle, amplifiant alors le problème.
3. L'hyperprolactinémie
L’hyperprolactinémie est due à une sécrétion excessive de l’hormone prolactine, habituellement sécrétée lorsqu’on allaite. Là aussi, elle est parfois mal diagnostiquée et prise pour un sopk, car les symptômes se ressemblent. Elle provoque des cycles menstruels longs et des symptômes virilisants. J’ai déjà écrit un article sur le sujet que je vous invite à consulter si vous souhaitez en savoir davantage.
4. L’hypothyroïdie
La thyroïde est étroitement liée au cycle menstruel. La progestérone, notamment, influence les sécrétions des hormones de la thyroïde et inversement. Une perturbation du fonctionnement de la thyroïde impacte donc très souvent le cycle.
Ainsi, quand la thyroïde ralentit, le cycle ralentit également et l’ovulation est plus tardive. Des cycles menstruels longs peuvent alors cacher une hypothyroïdie.
5. Des cycles menstruels longs provoqués par des traitements
Certains traitements interfèrent avec les hormones du cycle, qu’ils soient médicamenteux ou naturels !
Bien sûr, tous les médicaments qui ciblent les hormones de la fertilité sont potentiellement concernés, à commencer bien entendu par les contraceptifs. Les progestatifs en particulier provoquent une aménorrhée. Mais tous contraceptifs hormonaux coupent votre cycle menstruel, même si vous avez l’illusion d’avoir vos règles tous les 28 jours. Il s’agit en réalité de fausses règles car vous n’ovulez plus.
Ainsi, à l’arrêt d’une contraception hormonale, il est fréquent d’avoir des cycles menstruels longs et irréguliers. Effectivement, sous traitement, le cycle menstruel était à l’arrêt. Il doit ensuite se remettre en route et chez certaines cela se fait très rapidement et pour d’autres, ça peut prendre plusieurs mois. En principe, cela ne devrait pas durer plus de 6 mois.
Si vous vous retrouvez subitement avec des cycles menstruels longs à la suite d’un traitement médicamenteux au long court, vérifiez sur la notice ses potentiels effets secondaires.
Au niveau naturel, il peut arriver que le traitement perturbe le cycle, par exemple s’il n’est pas bien adapté ou s’il est trop fortement dosé. Les plantes avec un effet hormonal en particulier peuvent créer des cycles menstruels longs.
6. Autres maladies pouvant être à l’origine de cycles menstruels longs.
Il existe d’autres pathologies qui donnent des cycles menstruels longs. Je ne les ai pas citées encore jusque-là parce qu’elles sont beaucoup plus rares.
L’hyperplasie des surrénales, le syndrome de cushing, la maladie cœliaque ou tout autres fortes intolérances alimentaires ou maladies fortement inflammatoires, provoquent généralement des cycles menstruels longs. Encore une fois, ces situations sont beaucoup plus rares. On se penche sur ces possibilités après avoir écarté les précédentes pathologies.
Pour conclure
Si vous avez des cycles menstruels longs, même si vous ne souhaitez pas tomber enceinte, il peut être intéressant d’en comprendre les raisons. En effet, ovuler régulièrement permet de sécréter de la progestérone et cette dernière est importante pour la santé. Elle joue un rôle sur la densité minérale osseuse, l’inflammation, le bon fonctionnement de la thyroïde, dans la prévention du cancer du sein et des crises cardiaques… et bien d’autres choses encore. Prendre soin de son cycle, c’est prendre soin de sa santé sur le long terme.
Si vous voulez aussi connaître le type d’examen à faire selon votre profile et mieux identifier la cause de vos cycles menstruels longs, j’ai fait une vidéo youtube sur le sujet où j’en dis un peu plus.
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