Je crois que nous ne sommes plus la génération qui craint de tomber enceinte mais celle qui a peur de ne jamais y arriver. On constate une diminution de la fertilité au niveau mondial. Le tabac, le surpoids, la pollution, les perturbateurs endocriniens, l’âge de plus en plus tardif pour concevoir… Tout ceci expliquerait cette baisse de la fertilité.
Il en résulte que la conception est de plus en plus difficile et de nombreux couples se tournent alors vers une AMP. Mais est-ce la seule solution ? Existe-t-il des alternatives à l’AMP ?
A quoi correspond une AMP ?
l’AMP pour assistance médicale à la procréation. Depuis des décennies, la médecine a développé de nombreuses techniques pour aider les couples à concevoir. Elles regroupent principalement les inséminations intra-utérines (IIU), les fécondations in vitro (FIV) avec ou sans micro-injection (ICSI) mais aussi le transfert d’embryons congelés (TEC). Plus rare mais qui font toujours partie des AMP, les couples qui utilisent les dons de gamètes ou d’embryons. Tout cela s’accompagne de nombreux examens médicaux et de traitement, parfois contraignants.
Il existe encore la gestation pour autrui mais pour le moment elle n’est toujours pas légale en France.
L’AMP en quelques chiffres
En 2019, il y a eu en France 157 593 tentatives d’AMP
Ce chiffre augmente chaque année. Ceci s’explique premièrement parce que les couples sont de moins en moins fertiles. L’avancée et les progrès technologiques dans ce domaine ont aussi permis à un plus grand nombre de couples de concevoir (alors qu’ils n’auraient pas été éligibles quelques années ou décennies auparavant). On peut s’attendre à une hausse encore plus grande depuis que l’accès à l’AMP s’ouvre aux couples lesbiens et aux femmes célibataires.
Cependant, je ne pense pas que ce soient les seules explications pour cette croissance. A mon sens, beaucoup de couples sont envoyés un peu trop rapidement vers une AMP. Je ne parle évidemment pas de ceux pour lesquels l’homme a une oligospermie sévère ou les femmes avec les trompes bouchées par exemple. Il existe d’innombrables situations où c’est parfaitement justifié. En revanche, je pense que d’autres alternatives valent la peine d’être testées pour la plupart des sopk, des oligospermies modérées ou encore des infertilités inexpliquées.
En 2019 en France, l’AMP a connu un taux de réussite de 17%
27 180 enfants sont nés d’une AMP réalisée au cours de l’année 2019. Sur 157 593 tentatives, cela revient à dire que le taux de réussite est de 17%. Ce chiffre peut paraître insuffisant mais il montre juste le taux de réussite global. Bien sûr, le succès d’une AMP dépend aussi de l’âge du couple et de leur hygiène de vie ainsi que de la technique utilisée. Par exemple, jusqu’à 37 ans, une femme en parcours de FIV a plus de 25 % de chances de tomber enceinte, alors que les probabilités passent à 12 % à 38 ans.
Le coût des AMP
L’AMP a un certain coût… Une IIU par exemple coûte en moyenne 1000€ et une FIV 4100€. Les coûts d’AMP pour la société en 2019 se sont élevés à plus de 300 millions d’euros. Je ne suis pas en train de dire par là que ces couples coûtent trop chers à la société. C’est un droit en France et heureusement. Mais il existe des alternatives à l’AMP qui permettraient aussi des économies dans une certaine mesure.
Pourquoi chercher des alternatives à l’AMP ?
On vient de le voir, le coût peut être une raison. On peut aussi vouloir se tourner vers des alternatives à l’AMP parce que concevoir naturellement nous tient particulièrement à cœur. Mais le plus important, ce sont surtout les traitements contraignants, parfois même lourds pour le couple et les femmes.
Pour les examens médicaux chez l’homme, c’est en général le plus facile. Que ça soit pour une IIU ou une FIV, il suffit d’une éjaculation dans un flacon. C’est le seul examen médical pour lequel un orgasme est requis. A part dans certains cas bien spécifiques où il faut faire une ponction des spermatozoïdes dans les testicules, rien de trop contraignant donc.
Pour les femmes en revanche, il y a la stimulation hormonale, la ponction dans les ovaires, le transfert de l’embryon dans l’utérus, les prises de sang et échographies qui suivent… Il arrive que la stimulation ou la ponction provoque des complications (phlébites, problèmes rénaux…), qui nécessitent d’autres rdv médicaux et prise en charge. Bref, au-delà du casse-tête au niveau des agendas, l’humeur peut aussi chuter avec une stimulation hormonale. De façon plus générale, le couple se sent bien souvent envahi dans son intimité par le corps médical.
Une des alternatives à l’AMP qui porte ses fruits : mieux connaitre sa période fertile
Partons d’un constat
Selon l’Observatoire épidémiologique de la fertilité en France, après un an de tentatives de conception, 18% à 24% des couples demeurent sans enfant. Après deux ans, ils sont encore environ 10%. Je rappelle que la femme ne peut pas tomber enceinte n’importe quand dans son cycle. Ces chiffres représentent des couples qui ne visent pas particulièrement la bonne période.
Malgré tout, ces couples sont orientés systématiquement vers une AMP, en général dès la fin de la première année. Pour un bon nombre d’entre eux, cela reste tout à fait approprié.
Les données de la symptothermie
Considérons à présent une des alternatives à l’AMP : la symptothermie. Il s’agit d’une méthode d’observation du cycle qui permet de repérer avec précision la période fertile (en savoir plus). D’après une étude réalisée sur cette méthode, 90% des couples arrivent à concevoir après 9 cycles de pratique. A condition bien sûr, que les cycles soient ovulatoires, qu’il y ait des rapports tous les 2 à 3 jours pendant toute la période fertile et enfin que la phase postovulatoire soit d’au moins 10 jours. Au-delà de 9 cycles dans ces conditions, ça ne progresse plus beaucoup. Les 10% restants de couples peuvent alors raisonnablement se tourner vers une AMP.
. Gnoth et al.: Human Reproduction Vol.18, No.9 pp. 1959-1966, 2003
Ce que cela signifie concrètement
Théoriquement, on peut donc dire que sur les 18 à 24% qui n’ont pas pu concevoir au bout d’un an, 8 à 14% y arriveront avec la symptothermie. 8 à 14% peuvent éviter un parcours en AMP.
Ce nombre pourrait peut-être même être plus grand. En effet, si vous avez eu quelques cycles anovulatoires ou si vos cycles sont particulièrement longs, vous n’avez pas les mêmes quantités d’ovulation au bout de la première année. Donc pas les mêmes probabilités pour réussir à concevoir. C’est le cas pour les femmes qui ont un sopk ou qui sont en post pilule par exemple.
Les observations en symptothermie permettent de savoir si vous avez ovulé, si les rapports sont au bon moment et si votre phase post-ovulatoire est suffisamment longue. Autrement dit, c’est un excellent outil pour analyser sa fertilité et ses chances de conception.
Si vous souhaitez en savoir un peu plus sur comment repérer cette période, je vous renvoie sur cet article.
Les autres alternatives à l’AMP
Parfois l’échec de la conception ne vient pas du bon timing pour les rapports mais de la qualité des gamètes, c’est-à-dire les spermatozoïdes et les ovocytes. Or, là aussi on peut se tourner vers des alternatives. Par exemple, il est presque toujours conseillé de prendre la vitamine B9 car on sait qu’elle diminue les risques de fausse couche. Mais il existe un tas d’autres compléments qui peuvent améliorer la fertilité du couple. Souvent on concentre, à tort, les efforts sur la femme. Or, l’homme est bien entendu tout autant concerné.
Un autre article porté exclusivement sur ce sujet arrivera prochainement.
Des fois, ce sont les hormones du cycle qui ne sont pas équilibrées et qui posent problème pour concevoir. Notamment lorsque la phase post-ovulatoire est trop courte. Là aussi il existe des alternatives plus naturelles pour l’améliorer. J’y reviendrai plus en détails dans mon prochain article.
Un mot sur la NaProTechnologie : une alternative à l’AMP au sein du corps médical
La NaProTechnologie est une technique médicale d’aide à la procréation naturelle. Une dizaine de médecins est formée à cette méthode en France.
Elle repose sur les observations de la glaire cervicale en suivant une codification particulière. Il n’y a donc pas de prise de température, contrairement à la symptothermie mais l’observation des glaires est beaucoup plus poussée.
Les médecins formés à la NaProTechnologie sont habilités à vous faire des examens complémentaires et personnalisés selon votre profil de glaire. Ils prescrivent ensuite un traitement médicamenteux en conséquence.
Il s’agit actuellement de la seule alternative à l’AMP qui soit encadrée à 100% par le corps médical et qui est (plus ou moins) naturelle. En tout cas l’accompagnement est beaucoup plus personnalisé. L’avantage est aussi le remboursement des séances mais l’inconvénient est qu’il existe peu de médecins formés. Il faut parfois faire quelques kilomètres et attendre plusieurs mois pour obtenir un rdv.
Connaître son cycle reste utile même lorsqu’on passe par une AMP.
La stimulation ovarienne
Lorsqu’on commence un parcours en AMP, le cycle n’est en principe plus du tout naturel. Voici le protocole classique pour la stimulation ovarienne d’une FIV.
Vous recevez des injections pour booster la croissance de vos follicules dès le 1er ou le 2ème jour du cycle. Au 6ème jour, une injection quotidienne s’ajoute pour bloquer l’ovulation. Puis l’ovulation sera déclenchée quelques jours plus tard, avec une ponction 36h après.
L’idée est de contrôler vos ovaires pour les obliger à ovuler lorsqu’il y a, d’une part, suffisamment de follicules matures et d’autre part, lorsque cela est possible pour les médecins.
Pour les IIU ou les TEC, les protocoles sont un peu plus légers et parfois suivent même le rythme du cycle naturel.
Ce que peuvent apporter vos observations symptothermiques
Si l’option “cycle naturel” est possible pour vous, vos observations en symptothermie vous seront très utiles. C’est également le cas lorsque vous ovulez très tôt dans le cycle.
Le protocole de stimulation est calqué sur l’idée que les femmes ovuleraient majoritairement au 14ème jour de leur cycle, ce qui est… faux. (Je vous renvoie sur ma vidéo qui traite de ce sujet si vous souhaitez en savoir davantage).
Or, si vous observez avec la symptothermie que votre ovulation se situe environ aux jours 10 ou 12 de votre cycle, voir avant, le protocole de stimulation risque de ne pas fonctionner.
Je m’explique. Dans l’hypothèse où vous ovulez tôt et qu’en plus vous stimulez la croissance de vos follicules dès le 1er jour de votre cycle, l’injection pour bloquer l’ovulation risque d’arriver trop tard. Effectivement, il est probable que l’ovulation spontanée se soit déjà déclenchée et que vous vous trouvez alors en phase post-ovulatoire. Le déclenchement de l’ovulation est alors complètement inapproprié car il ne se situe pas du tout dans la bonne phase du cycle !
En effet, il n’est pas possible d’ovuler en phase post-ovulatoire.
Le médecin ne s’en rendra pas forcément compte, car il suit tout simplement son protocole… Vos observations en symptothermie peuvent l’aider à ajuster son accompagnement.
Pour conclure
Quand on vous propose un parcours en AMP, n’hésitez pas à prendre un petit temps de recul, discutez-en en couple. Est-ce que concevoir naturellement vous tient il particulièrement à cœur ? Avez-vous le « profil » pour tenter une conception naturelle ? Est-ce que ça vaut la peine d’essayer ? Vous pouvez aussi toujours demander un second avis. Enfin, dites-vous que vous faites peut-être parti des 8 à 14% des couples qui peuvent encore concevoir naturellement.
Pour rappel, le plagiat est illicite et des contrôles sont faits régulièrement sur ces articles afin que la propriété intellectuelle de l’auteure soit respectée.