La pilule est le miracle qui est arrivé aux femmes au cours de 20ème siècle. Enfin un moyen simple et efficace, qui leurs a permis de se libérer des grossesses non planifiées. Une solution qui leurs a facilité l’accès aux études, travailler et gagner petit à petit, plus de droit au sein de la société. Cette contraception, ainsi que le droit à l’avortement ont été essentiels pour la place des femmes de nos jours. Et pourtant… de moins en moins de femmes approuvent cette contraception hormonale. Pourquoi ?
Les différents scandales liés à la contraception hormonale
Bien que les risques et les effets secondaires soient annoncés sur chaque notice de pilule depuis longtemps, ce sont les médias qui ont affaibli la confiance des utilisatrices.
Fin 2012, Marion Larat porte plainte contre le laboratoire Bayer et les autorités sanitaires. Son AVC est en effet reconnu conséquent à la prise de 4 mois de MelianeR, une pilule de troisième génération. C’est une première et puisque cela a été médiatisé, plus d’une centaine de plaintes suivront. Suite à ce scandale, les hospitalisations pour embolie pulmonaire de femmes en âge de procréer ont diminué de 11% en un an. C’est le début de la fin de l’apogée de la pilule, en France. D’autres procès se sont déroulés ailleurs dans le monde, et ont ébranlé, de la même façon, la confiance sur l’absence d’innocuité de ce médicament. Les femmes sont alors de plus en plus nombreuses à ne plus faire aveuglément confiance en ce moyen de contraception.
Plus récemment, en juin 2020, ce sont les pilules progestatives qui sont pointées du doigt avec Lutéran ou Lutényl. Une mise en garde est annoncée par l’Agence nationale de sécurité du médicament. Ces traitements présentent un risque de développer un méningiome (une tumeur bénigne des méninges).
Ces différentes informations ont petit à petit augmenté la méfiance des femmes envers ces contraceptions.
L’arbre qui cache la forêt
Les utilisatrices de pilules contraceptives, désormais plus méfiantes, se renseignent davantage sur les effets secondaires de ces médicaments et y sont plus attentives. Elles posent plus de questions en consultation également. Ainsi, beaucoup réalisent, parfois avec effroi, que cette pilule n’est pas un bonbon. Augmentation des risques du cancer du sein, du col de l’utérus, dépression, baisse de libido, mycose à répétition… Tous ces effets secondaires font peur et même si certains sont rares, les femmes ne souhaitent pas forcément prendre le risque de les vivre. Voici les risques les plus graves annoncés sur les notices (voir tableau). Je précise qu’ils ne sont pas très fréquents.
Trouble de santé | Risque augmenté de le développer |
Accident vasculaire | X 4 à 5 et plus encore pour les 3ème et 4ème génération |
Cancer du sein après 5 ans | + 20 % |
Cancer du col de l’utérus après 10 ans | X 4 |
Voici les effets secondaires les plus fréquents (c’est-à-dire autour de 10%), indiqués par les laboratoires : céphalée, migraines, spottings, maux de ventre et troubles digestifs, cystite, mycose, vaginite, acné, seins douloureux, spasmes musculaires, douleur (dans les jambes, les bras et le dos), prise de poids, fatigue, rétention d’eau, insomnie, modifications de l’humeur incluant la dépression.
Certains effets secondaires ne sont pas notés sur la notice. Par exemple, l’accélération du vieillissement du col de l’utérus, 2 fois plus rapide et irréversible, avec la prise d’une contraception hormonale. Or, le col de l’utérus a un rôle très important à jouer dans la fertilité. En d’autres termes, même plusieurs années après l’arrêt du traitement, il peut rendre la conception plus difficile.
Les effets sur la sexualité
Un autre aspect de la contraception hormonale assez peu mentionné est son impact sur le plaisir sexuel. Il est tout de même bien indiqué qu’elle peut diminuer la libido. Mais dans les notices cela ne concernerait que maximum 1% des femmes. Ça semble bien faible par rapport aux nombreux témoignages sur le retour de libido à l’arrêt de cette contraception… Je questionne leurs méthodes d’évaluation pour obtenir de tels résultats… En effet, beaucoup de femmes pensent avoir une libido normale sous pilule ou autres contraceptions hormonales. Mais elles prennent conscience du problème seulement à l’arrêt de ces contraceptifs, lorsqu’elles retrouvent une libido bien plus importante. Au-delà de la simple libido, il y a aussi le plaisir.
D’après l’étude menée par Nicole K Smith et al en 2013, Hormonal contraception and female pain, orgasm and sexual pleasure, la contraception hormonale impacte la sexualité des femmes de plusieurs manières :
- baisse de l’excitation
- fréquence plus élevée de sécheresse vaginale
- moins d’orgasmes
- une fréquence de plaisir plus faible
- et une activité sexuelle moins fréquente. Évidemment, on imagine que si l’excitation et le plaisir sont plus faibles, l’intérêt pour le sexe diminue ce qui peut finalement affecter la fréquence des rapports sexuels.
Le côté écologique
En plus de tous ces troubles divers et variés, les hormones de synthèse ont un impact sur l’environnement. En effet, le corps doit par la suite éliminer ces hormones synthétiques, qui finissent dans les eaux usées puis dans la nature. Pour les écologistes, ces conséquences environnementales peuvent les inciter à délaisser la contraception hormonale.
J’ai déjà écrit un article sur le sujet ainsi qu’une vidéo si vous souhaitez aller plus loin.
La pilule s’inscrit elle toujours dans le mouvement féministe ?
La pilule a été très défendue par les féministes dans ces débuts et a été (et est encore pour certain.e.s) le symbole de la libération sexuelle des femmes.
Est-ce encore le symbole de la libération sexuelle des femmes ?
Peut-on encore la considérer comme telle ? Si l’on prend en considération son impact sur la libido et le plaisir sexuel par exemple ? Peut-on encore la qualifier du “symbole de la libération sexuelle des femmes ?” Est-ce que prendre un traitement (sans être malade) qui peut diminuer le plaisir et le désir sexuel est réellement une avancée pour les femmes ? Combien même il empêche efficacement les grossesses non planifiées…
On peut déjà questionner cette avancée sur ce point mais il y en a d’autres.
Le partage de la contraception
La contraception hormonale est, de nos jours, en très grosse majorité féminine. Cela n’invite pas beaucoup les hommes à partager cette charge. En effet, s’il y a plus de choix pour les femmes, elles sont aussi plus susceptibles d’en prendre la responsabilité. Bien que les hormones contraceptives masculines soient tout juste naissantes, elles ne sont pas encore vraiment proposées aux couples non plus. Ainsi, la contraception hormonale a certes aidé les femmes à une époque mais aujourd’hui elle dessert peut-être, de par son large choix, l’égalité homme/femme sur la responsabilité de la contraception.
Les effets sur la santé
Il y a, en plus, bien entendu tous ces effets secondaires et risques augmentés pour la santé. Les femmes prennent non seulement la charge contraceptive seule mais en plus celle-ci peut nuire à leur santé. Ça ne s’inscrit pas vraiment dans une parité homme/femme. De plus, la femme n’est pas fertile en permanence dans son cycle, alors que l’homme est fécond tous les jours.
Autrement dit la pilule permet de rendre la femme sexuellement “consommable” en permanence, sans risque de grossesse, pendant que l’homme n’a ni la responsabilité contraceptive, ni les risques pour sa santé augmenté, ni d’effets secondaires du traitement… Tout en gardant sa libido et son plaisir intacte. Est-ce vraiment une avancée pour les femmes ?
Pourquoi ne veut on plus de la pilule ?
Aujourd’hui les femmes veulent de moins en moins avoir recours aux contraceptions hormonales. Et cela inquiète voire agacent les générations précédentes qui se sont battues pour les avoir. Or, remettre en question ces contraceptions ne signifie pas du tout revenir en arrière. Il s’agit de faire progresser les droits des femmes vers quelque chose de plus équitable pour elles. Tout en gardant bien sûr l’efficacité contraceptive !
La pilule a été une grande avancée, qui a eu sa juste place à l’époque, et il n’est pas question de le nier. Mais aujourd’hui de nombreuses femmes demandent mieux, c’est-à-dire la même efficacité mais sans effet secondaire. Mais aussi un plus grand partage de la contraception au sein du couple.
Si le thème du féminisme vous intéresse, voici une de mes vidéos, sur un sujet un peu différent.
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