Jusqu’à 20% des grossesses se terminent en fausse couche. De nombreuses femmes culpabilisent lorsque cela leur arrive et ont tendance à porter entièrement la responsabilité de la fausse couche. “Qu’ai-je fait de faux ?”, “Est-ce en lien avec ce que j’ai mangé ?”, “J’en ai trop fait, c’est ma faute.” Ou pire, c’est parfois leur entourage qui leur met ça sur le dos : “Tu n’aurais pas dû faire du sport”, “Il ne fallait pas porter les courses !”, “C’est parce que tu es trop stressée” etc.
Or, justement, les causes sont principalement génétiques et n’ont donc pas nécessairement un lien avec ce qu’a fait ou non la mère.
On estime à au moins 50 % des fausses couches causées par une anomalie génétique. Autrement dit, cela peut aussi bien provenir de la mère que du père. Dans cet article, je vais me concentrer uniquement sur les causes génétiques masculines des fausses couches, encore trop peu connues.
Le tabac : une des principales causes de fausse couche d’origine masculine
Outre le fait que le tabac impact considérablement la fertilité de l’homme, aussi bien au niveau du nombre de spermatozoïdes que de leur morphologie, il est aussi associé aux risques de fausses couches. Et ce risque est proportionnel au nombre de cigarettes consommées par jour. Plus le père fume, plus la mère risque une fausse couche car le tabac dégrade l’ADN des spermatozoïdes (entre autres).
La carence en zinc
Le zinc est un oligo-élément qui possède de très nombreux rôles dans l’organisme, notamment dans l’expression des gènes. Cela entraîne alors un risque plus élevé d’erreurs liées à l’ADN des spermatozoïdes. Lorsqu’il y a malgré tout fécondation, ces “erreurs génétiques” vont se retrouver par conséquent chez l’embryon, pouvant ainsi conduire à une fausse couche.
On constate par ailleurs un lien entre le zinc et la fertilité masculine puisque en cas de carence, les spermatozoïdes sont moins bien formés et ont des troubles de mobilité. Cela rend leur ascension vers l’ovocyte plus difficile.
Les autres carences
J’ai mis le zinc un peu à part car il est important à de nombreux niveaux mais en réalité d’autres carences chez l’homme peuvent conduire à des fausses couches. Un manque de vitamines B2, B6, B9, B12 et bétaïne impacte la « méthylation ».
Chimiquement parlant, la méthylation consiste à l’ajout d’un groupe méthyle (CH3) sur un substrat. Ce phénomène est utilisé par notre organisme dans la régulation de l’expression de nos gènes. (Le gène MTHFR joue un rôle dans le processus, j’en parle un peu plus tard).
La méthylation intervient donc particulièrement au cours du développement d’un embryon et lorsque qu’elle échoue, elle peut conduire à une fausse couche. Ce défaut peut survenir aussi bien chez la mère que le père. Une étude assez récente (2021), publiée dans le magazine Human Reproduction, a mis en évidence que les défauts de méthylation de l’ADN des spermatozoïdes sont liés à des fausses couches récurrentes.
D’autres choses peuvent impacter la méthylation, notamment des causes génétiques, une mauvaise hygiène de vie et la pollution.
. la betterave contient beaucoup de bétaïne.
L’hygiène de vie et les causes environnementales
Une mauvaise hygiène de vie a des conséquences sur la qualité des spermatozoïdes et de leur ADN. En particulier les excès de sport, de médicaments, de soleil, de pollution, d’alcool, de caféine, de tabac… En plus de perturber la méthylation, tout ceci produit des radicaux libres. Or, ces derniers altèrent les protéines, l’ADN et les acides gras. Les spermatozoïdes y sont particulièrement sensibles car leur ADN est peu protégé. L’inflammation chronique et l’excès de fer produisent aussi des radicaux libres.
Si l’homme y est trop exposé, l’ADN de ses spermatozoïdes peut être endommagé et augmentent alors les risques de fausses couches.
La mutation du gène MTHFR, un responsable des fausses couches.
Ce gène fabrique l’enzyme qui joue un rôle dans le traitement des acides aminés, les éléments constitutifs des protéines. Et au cours de ce processus intervient aussi la vitamine B9. Or, quand il y a une mutation de ce gène, l’organisme n’arrive pas à utiliser la B9, sauf sous sa forme “méthylée”. Concrètement, une mutation de ce gène entraîne une carence en vitamine B9, pouvant alors être responsable de fausses couches. Et ceci, si la mutation est chez la mère comme chez le père. Il existe plusieurs mutations possibles sur ce gène et cela affecte environ 30% de la population.
Le surpoids impact l’ADN des spermatozoïdes
L’obésité entraîne un risque accru de dommages à l’ADN des spermatozoïdes. On constate une fragmentation de l’ADN des spermatozoïdes significativement plus élevée chez un individu avec un IMC supérieur à 30. Or les taux de fausses couches sont positivement corrélés aux niveaux de dommages à l’ADN des spermatozoïdes.
Résumons
Les fausses couches peuvent venir d’un problème de fertilité chez le père. Il est donc important, après une fausse couche de se pencher sur les 2 parents. De nombreux facteurs peuvent endommager l’ADN des spermatozoïdes et avoir alors des conséquences sur le développement normal d’un embryon. L’hygiène de vie (cigarette, alcool, alimentation, dosage du sport…) ainsi que des facteurs environnementaux et génétiques sont en cause. Et bonne nouvelle, il existe des solutions pour y remédier !
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