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Définition des pertes blanches
Les pertes blanches, qu’on appelle aussi leucorrhées ou pertes vaginales, désignent à la fois des pertes physiologiques et pathologiques, en provenance du vagin ou du col de l’utérus. Très souvent constatées par les femmes dans leur sous vêtement ou au niveau de leur vulve, elles questionnent parfois.
« Pertes blanches » dans la définition médicale est une expression un peu floue… Si le médecin vous demande si vous avez des leucorrhées et que vous lui dites oui, que va-t-il en conclure ? A priori pas grand-chose si ni lui ni vous êtes capable de distinguer les pertes physiologiques des pertes pathologiques.
Quand les pertes blanches sont normales
La glaire cervicale
Parmi les pertes blanches normales, il y a la glaire cervicale. Il s’agit d’un mucus sécrété au niveau du col de l’utérus mais qui peut se retrouver à la vulve et sur les sous-vêtements. Il est produit au cours du cycle menstruel, grâce aux sécrétions d’œstrogènes. La glaire a pour fonction principale de maintenir en vie les spermatozoïdes dans le milieu acide du vagin, les trier et les transporter jusqu’au col de l’utérus. Ces « pertes blanches » peuvent être blanches opaques, crémeuses, et évoluer vers une glaire translucide et élastique à l’approche de l’ovulation. Après celle-ci, elle est parfois légèrement jaunâtre.
Si vous voulez en savoir plus sur la glaire et à quoi elle ressemble, voici une de mes vidéos détaillées sur le sujet.
Le transsudat vaginal
Le vagin est une muqueuse et pour que celle-ci reste humide, un liquide, appelé le transsudat, s’infiltre au travers. Les cellules à la surface de l’épithélium vaginal, sont par la même occasion, éliminées pour être renouvelées. Ceci peut donc produire de légères pertes blanches, laissant parfois des petites traces sur les sous-vêtements. Elles sont souvent moins épaisses que la glaire cervicale et beaucoup plus liquide mais également moins abondantes. Elles peuvent être blanches ou légèrement jaunes. On peut difficilement attraper avec ses doigts le transsudat, contrairement à la glaire cervicale. Le transsudat vaginal n’a rien de sale, au contraire, il joue un rôle auto-nettoyant du vagin. Lors d’une excitation sexuelle, la production de transsudat peut augmenter pour que le vagin soit davantage lubrifié. Certains l’appellent la « perline* ». A ce moment-là, les sécrétions peuvent être beaucoup plus abondantes, parfois plus épaisses et plus blanches.
*Nos sexes sont politiques, Manuel illustré d’anatomie génitale.
Les autres sécrétions vaginales
On peut retrouver d’autres sécrétions dans le vagin, qui sont parfaitement physiologiques et qui peuvent être mises dans la catégorie des « pertes blanches ». Ne serait-ce que l’écoulement du sperme après un rapport sexuel… Il est parfois confondu avec des pertes blanches.
En dehors de la « perline », qui est en réalité juste du transsudat, il existe d’autres sécrétions liées à l’excitation sexuelle. Plus généralement, on parle de cyprine. Mais là aussi, le terme est un peu flou… Il désigne le liquide produit lors d’une stimulation sexuelle mais ne détermine pas précisément l’origine de cette sécrétion. Or, il semble que la lubrification sexuelle vient à la fois du transsudat, du liquide produit par les glandes de clitoris et par la prostate « féminine ». Mais, en pleine période fertile, la glaire cervicale apporte aussi un effet fortement lubrifiant. Tout cela peut entrer dans la définition qu’on donne aujourd’hui à la cyprine. Quoi qu’il en soit, qu’on éprouve du désir ou qu’on stimule son sexe, même sans désir, on peut alors produire ces sécrétions de stimulation sexuelle. Elles peuvent être claires comme de l’eau comme parfois plus opaques et plus épaisses et être prises pour des pertes blanches.
Les pertes blanches pathologiques
Lorsque les pertes blanches sont pathologiques, généralement d’autres symptômes les accompagnent. Voici ceux qui doivent vous alerter :
- Mauvaises odeurs (genre poisson/crevette ou animal mort)
- Irritations, démangeaisons de la vulve et/ou du vagin
- Rougeur de la vulve, parfois enflée et chaude (en période fertile, la vulve peut aussi être plus rouge et plus gonflée mais sans démangeaison associée).
- Spotting au cours du cycle ou après un rapport sexuel
- Pertes légèrement grisâtres ou verdâtres, parfois jaunâtre.
Les pertes blanches pathologiques sont principalement liées aux infections sexuelles, ou à un déséquilibre du microbiote vaginal, ce dernier étant le plus fréquent… Le microbiote vaginal est un mélange de bactéries, virus, champignons etc. Tout cela maintenu dans un équilibre qui nous protège des infections. Or, quand cet équilibre est rompu, cela peut favoriser le développement de champignons et évoluer en mycose ou le développement de bactéries et évoluer en vaginose.
Mycose et vaginose
Ces deux infections sont sans gravité, bien que pénibles à vivre, et produisent des pertes blanches.
Pour la mycose, les pertes sont épaisses, blanches et grumeleuses et s’accompagnent en général de fortes démangeaisons et de rougeurs.
Les vaginoses ont surtout des mauvaises odeurs et les pertes peuvent être légèrement grisâtres ou vert-jaunes.
Bien qu’on ne risque pas de complications sérieuses avec ces infections, elles sont le signe d’un déséquilibre du microbiote. Or, plus le microbiote est fragile, moins on est capable de lutter contre les autres infections sexuelles.
Les IST
La plupart des infections sexuelles produisent des pertes blanches mais elles ont tendance à être plus jaunâtres, verdâtres que réellement blanches. Elles peuvent aussi s’accompagner d’odeurs désagréables, de démangeaisons, parfois de complications urinaires et de douleurs pelviennes. Les pertes sont plutôt jaunes concernant la chlamydiose alors qu’elles seront davantage verdâtres pour la gonorrhée et la trichomonase. Attention, parfois les infections sexuellement transmissibles sont asymptomatiques. En cas de changements réguliers de partenaire, il est important de se faire tester.
Ectropion et abondance de glaire
Un ectropion du col de l’utérus correspond à de la muqueuse interne du col qui déborde à l’extérieur de celui-ci. C’est grâce à cette muqueuse qu’on peut produire de la glaire cervicale. La présence d’un ectropion peut donc conduire à une plus grande production de pertes blanches physiologiques. Mais même si elles sont « physiologiques », elles ont comme origine un dérèglement hormonal puisqu’un ectropion s’installe surtout quand il y a trop d’œstrogènes.
Un ectropion est aussi responsable de pertes vaginales parce ce qu’il se trouve dans le milieu acide du vagin. Or, cette muqueuse est inadaptée pour les milieux acides, ce qui augmente la production de pertes blanches. C’est un problème bénin mais ce n’est pas optimal non plus. En effet, il peut produire de petits saignements, de façon inopinée, ce qui est à la fois déstabilisant et gênant à la longue.
Peut-on observer des pertes blanches tous les jours ?
Cela reste variable d’une personne à une autre mais certaines en constatent tous les jours. Est-ce normal ? La réponse est à la fois oui et non. Ça dépend s’il s’agit de pertes physiologiques ou pathologiques.
Concernant, les pertes blanches physiologiques, oui, en théorie c’est tout à fait possible. Effectivement, le transsudat est produit tous les jours et il emporte avec lui des cellules mortes, ainsi que des bactéries qui peuplent le vagin, donnant parfois un aspect blanchâtre.
En revanche, si vous observez des pertes qui s’apparentent à de la glaire cervicale, en voir tous les jours n’est pas tout à fait normal. En dehors de certaines conditions de vie (allaitement, adolescence… voir plus bas), nous ne sommes pas censées voir de la glaire tous les jours. Lorsque cela se produit, c’est souvent lié à une activité oestrogénique trop importante.
Observer autrement des pertes blanches tous les jours n’est pas un problème du moment qu’il n’y a pas d’odeur désagréable qui les accompagnent, ni d’irritation ou de douleurs.
As-t-on des pertes blanches sous pilule ?
Si vous avez une contraception hormonale, vous ne produisez plus en principe de glaire cervicale. Les progestatifs utilisés dans ces contraceptifs assèchent la glaire et par conséquent on ne peut plus vraiment en observer. Mais le transsudat est bien sûr toujours produit donc il est encore possible d’observer des traces dans ses sous-vêtements.
Par contre, si vous venez d’arrêter la pilule, vous avez peut-être constaté ces nouvelles pertes blanches, beaucoup plus abondantes et présentes, sans bien comprendre à quoi elles correspondaient. L’arrêt d’un contraceptif hormonal, permet au cycle menstruel de reprendre et donc de produire de la glaire cervicale. Dans certains cas, à l’inverse, on a de la peine à en observer à l’arrêt du traitement hormonal. Si cela est votre cas, il est possible de restaurer naturellement la production de sa glaire.
Pourquoi les pertes blanches peuvent décolorer les sous-vêtements ?
Les pertes blanches à base de transsudat vaginal sont plutôt acides car elles emportent de l’acide lactique. En effet, le microbiote vaginal est composé de nombreux microbes mais en principe, ce sont en majorité des lactobacilles. Or, ces bactéries, produisent de l’acide lactique pour détruire tous les indésirables (des autres bactéries, parasites, virus, spermatozoïdes…). C’est précisément grâce à cette sécrétion acide que nous sommes protégées des infections. Mais c’est aussi cette acidité qui décolore les sous-vêtements.
Cela est normal, ce n’est ni sale, ni pathologique. Le pH du vagin, lorsqu’on est menstrué, est compris entre 3,5 et 4,5. Tant qu’il reste dans cet intervalle, le microbiote est optimal.
Les moments de vie où les pertes blanches sont plus fréquentes
Les changements hormonaux physiologiques
Parfois à l’adolescence, pendant la grossesse, ou encore pendant l’allaitement on observe un peu plus fréquemment, si ce n’est constamment, des pertes blanches. Cela provient du fait qu’il s’agit de 3 situations de vie avec d’importants changements hormonaux. On pourrait aussi ajouter la ménopause, mais comme les œstrogènes diminuent grandement dans cette période de vie, il y a en principe très peu de pertes.
L'adolescence
A l’adolescence, les œstrogènes augmentent, créant alors des modifications du microbiote, des sécrétions de lubrifications et bien sûr de la glaire cervicale. Tout cela s’observe chez l’adolescente par ces nouvelles pertes blanches. Elles peuvent être presque constantes car ces changements se font progressivement, avec des hauts et des bas.
La grossesse et l'allaitement
Pendant la grossesse, œstrogènes et progestérone montent et là aussi, le microbiote doit s’adapter. Les sécrétions peuvent donc parfois être plus fréquentes.
Enfin, pendant l’allaitement, la prolactine (l’hormone pour produire le lait), empêche les œstrogènes d’être sécrétés. En général, il y a donc très peu de pertes au début. Mais dès que l’allaitement diminue, les œstrogènes augmentent de plus en plus, jusqu’à ce que la prolactine soit suffisamment basse pour que le cycle menstruel reprenne. Il peut donc y avoir de longues semaines où les pertes blanches sont quasi quotidiennes.
Le post pilule
Il arrive que les premières semaines, voir les premiers mois, après l’arrêt d’une contraception hormonale, les pertes blanches soient un peu plus fréquentes. Cela est aussi lié au changement hormonal provoqué par la fin du traitement contraceptif. Le microbiote doit à nouveau s’adapter ce qui peut produire plus de pertes les premiers temps. Et les ovaires recommencent à sécréter des œstrogènes pour faire de la glaire. La glaire est souvent plutôt de basse qualité au départ mais peut s’améliorer au fil des mois.
Comme mentionné auparavant, ce n’est pas systématique. Il arrive aussi que l’inverse se produise et que la personne constate très peu de pertes blanches.
Les pathologies
Pour certaines pathologies, il est possible, selon les profils, d’observer plus de pertes blanches qu’en temps normal. C’est le cas par exemple avec le syndrome des ovaires polykystiques. Cela est fréquent aussi pour les pathologies où les œstrogènes sont prédominants comme dans l’endométriose, les fibromes utérins, l’hypothyroïdie, l’ectropion et parfois le syndrome prémenstruel. Encore une fois, ce n’est pas automatiquement le cas mais c’est une possibilité et les pertes en elles-mêmes ne sont pas problématiques. Il s’agit d’une conséquence de ces pathologies liée au déséquilibre hormonal qui à son tour influence la production de glaire ainsi que le microbiote.
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